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Rapport de Soult du 26 février 1814
Soult au Ministre (l'original envoyé à l'Empereur le 2 mars)
Orthez, le 26 févier,
« M. Le Duc, L'ennemi a fait passer aujourd'hui le gaves de Pau au gué de Lahontan,
à deux divisions d'infanterie, avec de l'artillerie et un corps de
cavalerie; un autre corps de 1000 chevaux poussait en même temps au gué de
Cauneille. Le 15e chasseurs à cheval qui éclairait cette ligne s'est replié
jusqu'à Baïgts, où il a recueilli un bataillon de la division Foy qui
éclairait le pont détruit de Bérenx et le gué au-dessous.
« La colonne qui a passé à Cauneille a suivi la grande route d'Orthez :
lorsqu'elle a été à Labatut, elle a détaché une brigade d'infanterie et 500
chevaux sur Habas d'où cette colonne a envoyé un parti sur la route d'Orthez
à Dax.
« La principale colonne est arrivé à hauteur de Baïgts en même temps que
deux autres divisions descendaient par la route de Salies et du plateau en
arrière de Sainte-Suzanne pour se porter au gué de Bérenx. Le 15e chasseur
et le bataillon qui était à Baïgts ont fait leur mouvement en ordre et ils
ont obligé l'ennemi à montrer son canon pour éloigner nos tirailleurs.
L'ennemi s'est arrêté à 5 heures du soir sur le plateau en avant de Baïgts
dans la direction d'Orthez.
« Aussitôt que j'ai été instruit de ce mouvement, j'ai formé les 1ère et 2ème divisions
d'infanterie sur le contrefort de Castetarbe (côte du Point du jour),
prolongeant leur droite vers la route de Dax. J'ai donné ordre à M. le comte Reille de
se porter avec les 4ème et 5ème divisions sur le plateau en arrière de
Saint-Boës, et j'ai disposé les autres divisions de manière à pouvoir
soutenir cette ligne que j'ai voulu garder jusqu'à la nuit, afin d'avoir le
temps de prendra d'autres dispositions.
« Je viens de donner des ordres pour que, demain à la ponte du jour, les
divisions du centre, commandées par M. le comte d'Erlon, aient opéré un changement de
front et soient formées presque parallèlement à la route d'Orthez à
Peyrehorade, appuyant les divisions de la droite sur le plateau de
Saint-Boës, où deux divisions aux ordres de Clausel seront aussi formées au
point du jour. Le gal Harispe défendra la ville d'Orthez, où j'appuierai
mon extrême gauche et sa droite s'étendra vers la ligne de l'armée.
« Il est très probable que demain il y aura un combat, car les deux armées
sont trop près pour que de part et d'autre on puisse l'éviter; je ferai en
sorte qu'il soit glorieux aux armes de l'Empereur. Si je suis dans le cas de
me retirer j'opérai mon mouvement sur Sault-de-Navailles.
« Je m'attends cependant que demain l'ennemi fera passer ses colonnes entre
Orthez et Lescar, car on l'a vu reconnaître les gués et faire des
démonstrations qui ne laissent aucun doute à ce sujet. Deux régiments de
cavalerie et deux bataillons garderont cet espace; je leur ai donné e,
conséquence des instructions
« Je laisse également un régiment de cavalerie et la légion des
Hautes-Pyrénées à Pau, pour défendre autant qu'il y aura possibilité cette
ville et éclairer mon extrême gauche. L'on a annoncé la marche d'une colonne
sur Oloron, mais ce matin elle n'était pas encore arrivée; un corps de
cavalerie était à Monein et l'on a entendu une forte fusillade avec du canon
du côté de Navarrenx.
« J'ai reçu une lettre du général Thouvenot
sous la date du 24. Elle n'est relative qu'à l'état de la
place de Bayonne sous le rapport de la défense, la force de la
garnison et les approvisionnements, d'ailleurs, il ne me donne aucune
nouvelle.
« J'éprouve le plus vif regret d'être obligé de rendre compte à V. Ex. que
toutes les Gardes nationales du département des Basses-Pyrénées sont dans la
plus complète défection et qu'elles ont abandonné leurs armes ou les ont
emportées; les habitants de Pau souffrent qu'une légion des Hautes-Pyrénées
vienne défendre leur ville. L'on m'a dit qu'à Mauléon le drapeau blanc a été
arboré.
« Dans le département des Landes, l'esprit est aussi mauvais; il est
impossible d'y réunir une seule compagnie; un jour viendra que ces
malheureux auront à gémir de leur égarement
« J'ai l'honneur d'adresser à V. Ex une lettre du Gal
Coustard et une lettre de M. le Préfet des
basses-pyrénées, qui pourront l'instruire de l'esprit des
habitants de ce département. »
Source : Archives du SHD - cote : C8-121
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