Bataille d'Orthez - 27 février 1814 | |
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Lettre du préfet du département
Pau, 27 février 1814, 8 heures du matin.
Notre armée était
encore hier à Orthez; elle occupait la ville à la droite
du gave, et l'ennemi était dans le faubourg à la gauche.
L'on tiraillait d'une rive à l'autre et l'on a même
tiré quelques coups de canon. Il paraît que les
mines que l'on avait faites pour couper pont ont manqué leur
effet et qu'il n'est pas tombé. Je suppose que le
maréchal se tient à Orthez pour assurer la retraite de
ses bagages et de son artillerie et donner le temps à cette
dernière de prendre position à Saint-Sever où il
paraît décider qu'il se retira.
L'ennemi n'était point encore hier soir à Oloron. Il a dû entrer 150 hommes à Mauléon avant-hier au soir; ce matin cette ville n'avait personne. Navarrenx a été investie depuis avant-hier. Je suis parvenu, en prenant des mesures vigoureuses, à réunir un assez grand nombre de moyens de transport. On a chargé toute la nuit. J'espère que les évacuations seront terminées dans la journée. DE VANSSAY.
P.S. – Un aide de camp du
maréchal est arrivé cette nuit; il a apporté au
général Coutard l'ordre de faire replier les avant-postes
qui était à une lieue en avant de nous. La communication
avec Orthez est interceptée. Des colonnes ennemies ont
passé le Gave au-dessus de cette ville entre elle et Puyoo. Je
crains que le restant de l'armée ne soit inquiété.
Le moment approche où je serai forcé de cesser les
fonctions que S. M. avait daigné me confier. Puissè-je
les avoir toujours remplies avec l'approbation de V. E. je ne cherche
plus à faire porter que des farines. J'en presse le chargement.
Si l'ennemi a autant de forces qu'on le dit et qu'il marche avec plus de rapidité qu'il ne le fait jusqu'à présent, je crains que M. le maréchal ne puisse couvrir à la fois Toulouse et Bordeaux. L'on doit compter sur une grande désertion parmi les conscrits des pays qui sont ou seront envahis. |