Bataille d'Orthez - 27 février 1814

 

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France Militaire - 1838
Source : Collection de l'auteur

Le bilan

   La bataille d'Orthez a permis aux alliés de remporter une nouvelle fois un combat décisif dans leur progression sur le territoire français. Ils ont refoulé l'Armée des Pyrénées au-delà du gave de Pau et vont passer dans les jours qui suivent l'Adour, leur assurant ainsi une communication directe avec la place de Bayonne et ses ravitaillements. Les troupes du Maréchal Soult, quant à elles, retraitent de fort belle manière vers Toulouse évitant ainsi le piège des Landes et entraînant dans leur sillage l'armée de Wellington loin des routes menant à Paris.

Les pertes humaines

      Les pertes humaines dans les deux camps sont assez lourdes. Les français ont perdu environ 2 500 hommes (tués ou blessés dont les généraux Béchaud tué et Foy, Gruardet et Barbot blessés) et 1350 prisonniers (généralement des blessés tombés entre les mains de l'ennemi). Les anglais, quant à eux, ont perdu environ 2 300 hommes (dont les généraux Ross, Walker et Deker de blessés). La 3ème Division de Picton est la plus touchée et notamment les 88ème, 45ème et 78ème .

 





Cimétière anglais/portugais/français
(photos de l'auteur)


Château de Salles à Sallespisse (photos de JP. Lapouble)
"Sous cette motte avec armes et montures reposent deux officiers anglais de l'armée de Wellington tués durant la bataille d'Orthez 27 février 1814"

Fin 2016, des archéologues de l'INRAP sous la direction de M. Christian Scuillier ont mis à jour une fosse présentant 26 squelettes avec des objets militaires (boutons, balles en plomb, boulets de canon, ...) lors de la construction de la nouvelle crêche intercommunale au centre d'Orthez à l'emplacement de l'ancienne école maternelle. Cet emplacement était historiquement celui d'un hôpital avec son cimétière attenant, lui même construit au XVIème siècle sur un ancien couvent des Cordeliers.


   Soult rend, dans son rapport sur la bataille, un hommage aux troupes qui se sont battues vaillamment àOrthez : "La bataille d'Orthez est honorable pour les armes de l'Empereur".


Les causes de l'échec français

   Les causes de l'échec français peuvent-elles s'expliquer par l'aspect purement défensif de l'organisation de l'Armée des Pyrénées aux abords d'Orthez et surtout par la lassitude de cette campagne ?

   Si on regarde le rapport des forces durant les journées du 26 et 27 février, les troupes françaises auraient pu engager, plusieurs fois, des détachements ennemis alors en infériorité numérique flagrante; tactique pourtant prônée clairement par le Maréchal Soult.

   Le 26, lors du passage de la division Picton au gué de Bérenx, celle-ci se trouve fort isolée du reste de l'armée alliée face à 4 divisions françaises (Foy, Taupin, Rouget, Darmagnac) postées à environ 4km du gué. Plus tard, cette même division accompagnée des troupes de Beresford (divisions Cole et Walker) se trouve encore en infériorité numérique face aux mêmes divisions françaises.

   Le 27 au matin, la division Picton reste seule près de 3 heures face aux divisions Foy, Darmagnac, sans être inquiétée. De même que le corps de Beresford contenu par les divisions Taupin et Rouget, n'est attaqué avec les troupes de Darmagnac, Paris et de Villatte.

   Mais le Maréchal Soult avait opté pour une vision plus défensive de la situation et Napoléon en gardera un goût amer "Je vois que le Duc de Dalmatie s'est laisser forcer… Je ne conçois pas comment avec des troupes comme celles-là, il peut être battu… Ecrivez-lui fortement et ferme. C'est, déjà une très-grande faute que de se laisser attaquer".


Carte Postale du monument commémoratif - Route de Dax

   Le Duc de Dalmatie pouvait-il se permettre d'engager toutes ses ressources dans une affaire générale contre des troupes supérieures numériquement, mais surtout soutenu par un moral d'un niveau très élevé. Une grande défaite aurait marqué la fin de la menace impériale dans le sud de la France et aurait irrémédiablement compromis les opérations qui se déroulaient en parallèle plus au nord. Napoléon disait à ce sujet : "Avec une armée inférieure en nombre, inférieure en artillerie et en cavalerie, il faut éviter une bataille générale, suppléer au nombre par la rapidité des marches, au manque d'artillerie par la nature des manœuvres, à l'infériorité de la cavalerie par le choix des positions. Dans une pareille situation, le moral du soldat fait beaucoup". Mais le moral français en cette époque était bien bas... De plus, le manque de renseignement pertinent sur l'ennemi avait entraîné le Maréchal français à surévaluer systématiquement les troupes alliées... La réciproque était également vraie. Ajouté à cela l'hostilité des habitants du Sud-Ouest à l'égard des troupes impériales et on se trouve devant des choix d'une complexité extrême pour tenter de retarder le plus possible l'inexorable avancée alliée.

   Mais on ne peut parler de la défaite française sans mettre en valeur l'armée alliée et son chef. Le Maréchal Wellington avait pris, à cette occasion, tous les risques en engageant ses réserves pour que la victoire lui revienne. Il a su changer d'initiative au moment opportun et cette audace lui a donné les clés de la victoire. L'initiative et l'audace avaient changé de camp durant cette campagne qui transportait les deux armées le long des Pyrénées. "Le succès de la bataille, longtemps incertain, fut décidée en faveur des coalisés par la manœuvre audacieuse exécutée entre les division Rouget et d'Amargnac" (Mémoires de Lapène).

   De cet engagement, Soult a su préserver son armée qui s'essaiera par la suite de retarder l'avance des troupes alliées jusqu'à la bataille de Toulouse du 10 avril 1814, bataille qui marquera la fin de cette longue et harassante aventure humaine.

   Mais on ne pourra pas manquer d'avoir le même sentiment que Thiers en parlant du Maréchal Soult "Ce dernier, après la bataille d'Orthez, à laquelle il n'avait manqué qu'un peu de ténacité pour être une bataille gagnée, s'était retiré sur Toulouse, …". Mais refaire l'Histoire tout en connaissant la finalité des évènements ne va malheureusement pas sans fausser le jugement qu'on porte sur ces évènements. 

 
France Militaire - 1838
Source : Collection de l'auteur

 Les questions

Aujourd'hui encore, la bataille d'Orthez n'a pas livré tous ses secrets. Des points d'ombre subsistent. Si certains d'entre eux ont été plus ou moins analysés, d'autres restent encore assez obscurs.

  • L'attaque décisive du 52ème anglais s'est-elle déroulée entre les troupes de Rouget et de Darmagnac ou entre les troupes de Rouget et de Taupin ?
  • Pourquoi les troupes du général Taupin n'ont pas reçu d'aide du général Paris ou du général Rouget ?
  • Qui des troupes de Darmagnac ou de Foy ont décroché en premier ?


Le Maréchal Soult
Source : Collection de l'auteur