Bataille d'Orthez - 27 février 1814 | |||||
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L'attaque de l'aile droite française Au centre du dispositif, dans sa progression matinale, l'avant-garde de la division Picton, constituée d'un ou deux escadrons de la cavalerie, tiraille avec les avant-postes de la division Foy (brigade Fririon), sur la route de Bayonne, ces derniers se retirent, conformément aux ordres de la cote 161, du lieu-dit du "Point du jour", et de la "Soureilhe". La 3ème division anglaise peut s'emparer ainsi des premières hauteurs face à elle et mettre en batterie les 2 pièces d'artillerie qui l'accompagnent.
Au point du jour, sur la droite française, le Lieutenant-Général Reille fait avancer la brigade Rey de la division Taupin, le 21ème Chasseurs et 4 canons. La deuxième brigade commandée par le général Béchaud reste au même emplacement que la veille avec le reste de l'artillerie. Mais le Maréchal Soult vient le matin rectifier cette position et laisse seulement le 12ème Léger et le 21ème Chasseurs sur la crête près de l'église de Saint-Boès. Le reste de la division Taupin est placée vers la cote 175. Une reconnaissance française est rappelée avant même d'avoir pu recueillir des renseignements notables. Vers 7h du matin, des reconnaissances anglaises sont poussées sur le village de Saint-Boès, mais la cavalerie française et le 12ème léger appuyé de 4 canons s'opposent à ce mouvement qui ne donne pas de suite(1). Entre 8h et 9h, les premiers éléments alliés des troupes de Cole apparaissent sur la cote 151-161 à l'ouest de Saint-Boès par le ravin qu'ils ont suivi.
A 8h30, une fois passé le gave de Pau au gué de Bérenx, Clinton s'apprête à rejoindre la division Picton, restée esseulée jusqu'à présent. En effet, le mouvement de Clinton ne s'est effectué que très lentement du fait de la nature du terrain. De même les troupes du général Walker vont se joindre péniblement à celles de Cole. Enfin, la division légère Alten, quant à elle, va se positionner sur la hauteur boisée d'Hilleou (ferme "Mounicq"), à proximité du "Camp Romain" dominant le plateau de Saint-Boès et la grande route. Une fois assuré de l'arrivée de la division Clinton, l'action anglaise peut commencer.
A
9
heures, le Maréchal Wellington, ayant
établi son
quartier-général au "Camp Romain",
déclenche la
véritable attaque.
La batterie Rey (division Taupin), composée de 4
pièces, donne le signal à l'approche des troupes alliées. Les
alliés
répondent avec la batterie d'Alten (corps de Beresford). - Eglise de Saint-Boès -
Le général Cole tente de déloger les troupes de Taupin du village. La brigade Ross tente d'avancer entre les maisons, mais elle ne peut avancer bien loin. Les troupes de Ross sont stoppées par l'artillerie de la division Taupin (12 canons à la cote 175) aidée en cela par la batterie Rouget à "Luc" (16 canons). Afin d'appuyer cette attaque, le général Cole fait appel à l'artillerie de sa division et notamment à la brigade d'artillerie de la KGL commandée par le major Sympher. Il l'installe à proximité de l'église de Saint-Boès. Mais avant même de pouvoir la mettre en action, la major Sympher est tué par le feu croisé des pièces adversaires et deux canons sont rapidement démontées. La batterie allemande continuera cependant à faire feu durant la bataille. Le général Cole rallie la brigade Roos et repart à l'assaut appuyé par la brigade portugaise de Vasconcellos. Mais la mitraille française fait chanceler les anglo-portugais qui tombent en nombre. Une deuxième salve fait faire volte-face aux troupes alliées. Taupin charge alors à la baïonnette à la tête de ses tirailleurs et ramène l'ennemi en arrière. Il y a en tout 5 tentatives anglaises et autant d'échecs pour les troupes alliées. Ce combat va durer près de 3 heures. De son côté, les troupes de Walker tentent de se déployer sur l'extrême droite des Français, mais la nature du terrain les en empéchent. Wellington envoie alors en renfort le 1er Chasseurs Portugais ("Cazadores") de la division légère d'Alten, division arrivée récemment au-delà du "Camp Romain". Les Chasseurs portugais ont pour mission de flanquer la droite du général portugais Vasconcellos, envoyé plus tôt par Cole sur la gauche des troupes de Taupin, et de la protéger des tirailleurs français. Mais les troupes portugaises battent rapidement en retraite sous le feu des batteries françaises (le régiment de Chasseurs n'a jamais pu se rallier de toute la journée). Le général anglais Ross est blessé au cours de ces affrontements. Cole refuse d'utiliser sa réserve (brigade Anson) de peur d'une contre-attaque française qui se matérialise par une reconquête du village par les troupes du général Taupin qui sont stoppées à leur tour. Les escarmouches et quelques tirs de canon prennent ensuite le relai. Le centre français résiste aussi Pendant ce temps, au centre du champ de bataille, entre 9h et 10h, Picton fait avancer ses troupes sur deux colonnes . La première colonne, avec la brigade Keane et les Portugais de Power, soit 7 bataillons, doit s'avancer au Nord vers les troupes de Darmagnac (contrefort 161). La seconde colonne, avec la brigade Brisbane, soit 3 bataillons, doit se diriger sur les troupes de Foy (contrefort 115-119). La 6ème division de Clinton se place en réserve derrière les troupes du général Brisbane. Ces deux colonnes avancent précédées par leurs compagnies legères. Ainsi, une fois bifurqué de la grande route de Bayonne, ces troupes prennent par "Routé-Bielh" et "Lescaute", les directions du nord-est par le chemin du "Barat de Rey" et le "chemin du Bois" par "Brana". Les tirailleurs français sont rapidement ramenés sur leur base. Mais les canons de "Lafaurie" et "Escauriet" freinent l'avancée des troupes alliées. Picton arrête ses troupes et ordonne alors à ses tirailleurs , composés des compagnies légères de 7 régiments britanniques, des 3 compagnies du 5ème bataillon du 60ème rifles, tout le bataillon de "cazadores" de Power (soit en tout 14 compagnies) d'aller de l'avant. Mais rapidement, les troupes Picton se trouvent bloquées suite à leur impossibilité à se déployer de manière correcte à travers les ruisseau boueux qui parcourent le terrain, du feu ennemi (division Darmagnac notamment), et elles restent également suspendues à la manoeuvre des troupes de Beresford contre la droite française. Les troupes du général Foy et notamment la brigade du général Fririon repousse les tentatives anglaises au niveau de la ferme de "Soureilhe". La deuxième brigade commandée par le général Berlier en arrière reste placée en colonne à "Saint-Bernard" et aux environs. L'artillerie française placée à la cote 119 fait subir des pertes sensibles à celle de Picton et Clinton placées vraisemblablement sur le route vers la cote 115 et contre laquelle les troupes de Berlier se protégent vers le couvent. La cavalerie de Somerset, quant à elle, tente de gagner du terrain par la route de Bayonne menant à Orthez.
Le Maréchal Soult, établi au lieu-dit de "Lafaurie", peut alors apercevoir la résistance du centre français tout en restant informé des opérations qui se déroulent à Saint-Boès, mais sans pouvoir malheureusement les observer. On lui prête alors les paroles suivantes : "Enfin, je le tiens !"; paroles d'autant plus suspectes étant donné le peu de dispositions à l'offensive prises par le Maréchal. La légende prétend aussi qu'à ce moment là, un violent orage est venu perturber le cours de la bataille; ce fait est cependant démenti par les nombreux témoignages contemporains.
Préparation de l'attaque décisive du centre et de l'aile gauche française Vers 11h30-12h, voyant que son attaque sur l'aile droite française reste infructueuse, Wellington change alors ses plans et engage toutes ses forces disponibles (excepté une mini-réserve constituée du 2ème et 3ème bataillons du 95ème rifles et de 3 bataillons portuguais, un du 3ème cazadores et deux du 17ème de ligne). Le général en chef anglais renforce son dispositif d'attaque sur sa gauche et ordonne parallèlement une attaque massive du centre français. Wellington attend également avec impatience le passage du Gave par son aile droite commandée par le général Hill. Les dispositions françaises très fortes sur leurs flancs présentaient un point faible en son centre; "le développement des hauteurs sur lesquelles l'ennemi s'était établi retirait nécessairement son centre et donnait à ses flancs une force extraordinaire" (Wellington ). Et c'est le centre français qui cèdera le premier... On ne peut s'empêcher de remarquer avec quelle synchronisation exemplaire, voire très chanceuse, les évolutions troupes alliées ont été réalisées. Nouvelle attaque de la gauche française Sur sa gauche, Wellington emploie les troupes fraiches de la 7èmedivision de Walker, arrivées péniblement entre temps, et celles de la brigade Anson (4ème division Cole), appuyées par deux batteries mises en position contre les Français au niveau de l'église de Saint-Boès. Les troupes de Cole venant d'être reformées sont néanmoins relevées par celles de Walker. Ces troupes sont alors divisées en trois parties. La première partie composée de la brigade portugaise de Doyle avance vers le sud des positions de Taupin (vers les directions prises par les Chasseurs portugais le matin). La deuxième partie des troupes avec le bataillon "Provisional" et celui des "Brunswick Oels"(brigade Gardiner) avancent vers le nord des positions par "Parabeou", "Brasquet", "Bideluc", sur "Miché" et ses environs (cote 147) afin de tomber sur le flanc droit de Taupin, aidé en cela par la cavalerie Vivian. Le reste des troupes composé du 6ème régiment déployé (brigade Gardiner) et des 3 bataillons du 68ème, 82ème et les "Chasseurs Britanniques" (Brigade Inglis) avancent vers la route de Dax par le contrefort de "Barbaou" vers la croix de "Lousteau", contre la hauteur de la cote 175 (Walker ). Ces troupes arrivent à déloger les troupes françaises fatiguées et diminuées par les combats qu'elles ont menés depuis le matin. Ainsi selon le rapport de Reille, la droite de Taupin commence à céder entraînant peu à peu le reste de la division. Les troupes de Taupin reculent alors vers "Plassotte" et vers les croisement des routes de Saint-Giron et de Dax sous la protections de la division Paris. Ce recul permet aux bataillons de la 7ème division anglaise de se déployer. Les troupes françaises des généraux Taupin et Paris ne peuvent à ce moment critique recevoir d'aide des troupes du général Rouget, lesquel a vraisemblablement plus forte affaire lors du recul de la division de Darmagnac. - Reprise de l'offensive contre l'aile droite française - L'attaque décisive du centre français Wellington ordonne dans un même temps aux divisions de Picton et de Clinton d'engager vigoureusement le centre français. Les deux colonnes d'assaut, celle de Picton, avec ses 7 bataillons (brigades Keane et Power) et la seconde composée des 3 bataillons de la brigade Brisbane de Picton soutenus par la Division Clinton, avec ses trois brigades (Pack, Lambert et Douglas), doivent attaquer avec plus d'intensité les troupes françaises des généraux Darmagnac, pour la première colonne, et Foy, pour la seconde.
Lors des préparatifs anglais pour l'attaque du centre, un incident fâcheux est venu troubler les troupes françaises. De haut de son poste d'observation à "Lagnerot", le général Foy observe la concentration des troupes de Picton et notamment celle de la brigade Brisbane suivi de la division Clinton face à la brigade française de Fririon et vers la batterie française de la cote 119. Drouet d'Erlon décide de concentrer la division Darmagnac entre "Bergé" et "Labiste" et la division Foy derrière un monticule où son artillerie prend position. Le général Foy, revenant du monticule d'où il a observé les mouvements ennemis, est alors atteint par un "shrapnel" anglais venu éclater au-dessus de lui, libérant plusieurs éclats (balles) dont l'un vient le frapper à l'épaule gauche. Foy est alors transporté vers les arrières pour être soigné, le général de brigade Fririon prenant alors le commandement de la division, il était environ 12h30. Cet évènement cause un certain traumatisme sur le moral des troupes de la 1ère division et l'attaque anglaise qui suit provoque un flottement sur les troupes de Foy qui reculent à l'est de la route de Dax. Ainsi la brigade Brisbane, avec le 45ème à sa tête, suivie de l'artillerie et de la division Clinton, réussit, par le chemin du Bois, à prendre pied sur la route de Dax . De leur côté, les troupes de Picton, par les épaulements, parviennent à faire céder la division Darmagnac qui se retire sur ordre du général Drouet d'Erlon le long de la crête 170-172 et le long de la route de Sallespisse. Les Anglais arrivérent ainsi au somment vers la route de Dax, entre la cote 170 et la ferme "Boustou", et commencèrent à diriger leur feu vers les restes de la division Foy(2).
Il est 14h30. Dès lors soutenu par son artillerie placée à "Escauriet", Clinton remonte la route vers "Gloriette". La brigade Fririon (6ème léger et les 69ème et 76ème d'infanterie de ligne) se replie alors vers la route de Sallespisse soutenue par la brigade Berlier (36ème et 65ème de ligne) qui est positionnée en avant de "Saint-Bernard". Les troupes de la brigade Fririon se retirent en bon ordre. Mais les batteries anglaises, établies près d'"Escauriet", prennent aussitôt en écharpe les troupes du général Berlier.
La charge du 21ème Chasseurs Pressentant le danger le général Pierre Soult, commandant la cavalerie française reçoit l'ordre d'envoyer le second escadron du 21ème Chasseurs commandé par le Chef d'Escadron Leclaire charger les batteries ennemies. Les cavaliers français, arrivant des derrières de Saint-Boès, culbutent les 2 compagnies du 88ème anglais qui protégent les batteries, mais, malheureusement, cet escadron prend un mauvais chemin au retour (route de Dax) et se fait massacrer par la mitraille anglaise. Seuls 7 survivants du 21ème Chasseurs ont pu en réchapper (3 officiers et 80 cavaliers sont ainsi tombés durant cette charge)(3). L'endroit où s'est déroulé ce tragique évènement est dénommé le "Ravin de Chasseurs". C'est un chemin encaissé où passait jadis la route de Dax à la hauteur des fermes "Gerton" et "Testevin" et du monument commémoratif de la bataille. A cet instant de la journée, l'équilibre de la défense française est rompu : "Il en est des systèmes de guerre comme des sièges de place. Il faut réunir ses feux contre un seul point. La brèche faite, l’équilibre est rompu, tout le reste devient inutile." (Napoléon). Le Maréchal Soult réussit tout de même à présenter un nouveau front pour permetter la retraite française avec les divisions Vilatte et Darmagnac en bon ordre sur le contrefort 134-172. -
Début de la
retraite française -
La percèe du 52ème de la Division Légère La Division Légère d'Alten, tenue à la droite de la Brigade Anson, a pour objectif la gauche de la Division Rouget, en traversant l'arrête nord du "Camp Romain" en direction de "Micoulaou". La brigade Barnard (division légère Alten) soutenue par les brigades Keane et Power de la 3ème Division sur sa droite est poussée vers les hauteurs de l'aile droite des Français. Le 52ème régiment, commandé le colonel Sir John Colborne (composé seulement de son 1er bataillon) se lance du "Camp Romain" vers Luc , à travers les marais du ruisseau de la "Micoulaou" pour attteindre les derrières des positions occupées par la Division Rouget (hauteurs de la cote 175, de la ferme de "Luc" et de "Plassotte"). Derrière le 52ème déployé en ligne suit le reste de la brigade Barnard.
Vers 2 heures, après une rude traversée du marais, le 52ème régiment débouche sur la gauche de Taupin à la place supposée de la Division Rouget vers "Luc". Ici, intervient un point litigieux du déroulement de cette bataille. Bien qu'il ne soit pas critique pour la compréhension globale de cet affrontement, il reste néanmoins assez obscur pour appréhender clairement les évènements. En effet si on prend soin de positionner sur une carte la position de la division Rouget avant la bataille (en face du lieu-dit du "camp romain" sur la route de Dax entre "Bergé", la cote 177 et "Micoulaou" cote 175, "Plassotte") et la position où débouche le 52ème anglais, on constate que les anglais ont dû déboucher tout droit sur les positions de Rouget voire entre les troupes de Taupin et Rouget plutôt qu'entre celles de l'aile droite française (Div. Rouget) et de son centre (Div. Darmagnac) comme souvent mentionné. A ce niveau 3 hypothèses peuvent prévaloir. La première hypothèse soutenue par l'historien orthézien Louis Batcave et les rapports officiels prétend que le 52ème, aidé par le décrochage de la Division de Darmagnac, se présente entre les corps de Reille et d'Erlon et parvint ainsi, par surprise, sur les arrières de l'aile droite française pendant que Taupin fait face à l'attaque de Walker et que l'artillerie de Rouget mitraille les colonnes d'Anson et d'Alten. Mais à ce niveau si on regarde le débouché anglais, ce dernier tombe encore en plein centre des troupes de Rouget. Cependant si on ajoute le fait que les troupes de Rouget se sont éventuellement rapprochées des troupes de Taupin afin de faire face à l'attaque anglaise, le débouché anglais se déroule en effet entre les troupes de Reille et de Drouet d'Erlon. La seconde hypothèse mentionnée dans le récit d'E. Lapène, commandant l'artillerie de la division Taupin, se base sur la retraite successives des troupes de Rouget, Darmagnac et Foy, laissant un espace significatif pour le débouché anglais entre les troupes de la Division Taupin et ce qui peut rester de la ligne de défense française. Enfin la dernière hypothèse, qui se base sur le rapport du Lieutenant-Général Reille au Maréchal Soult et qui est soutenue par l'historien anglais Fortescue, s'appuie sur le fait qu'à 2 heures et demi, les troupes de Rouget, soumises à la pression du 52ème sur sa droite et des troupes de Picton sur sa gauche, qui ont délogé auparavant la division Darmagnac, reculent à l'est de la route de Dax. Les troupes de Rouget sont en fait pressées dans un premier temps par les troupes anglaises de Picton auxquelles sont venues s'ajouter celles du colonel Colborne . Cette hypothèse est également renforcée par le récit du colonel Colborne qui mentionne "Les Français maintenaient un feu lourd, mais heureusement tous balles passées au-dessus de nos têtes. Je suis monté jusqu au dessus de la colline et j'ai agité mon chapeau, et bien que les hommes avaient de la boue jusqu'au dessus de leurs genoux dans le marais, ils ont filé vers le haut dans l'ordre le plus parfait. Dès qu'ils sont arrivé au sommet, je leurs ai ordonné de s'arrêter et de faire feu.". Si on s'en tient à cette thèse, l'effet de surprise côté français ne fût pas vraiment réel ... sauf peut-être pour les troupes de Taupin qui se retrouvent encerclées.
En tout état de cause, à l'issue de ce mouvement, seule la division Taupin reste isolée au milieu des masses ennemies et perd le général de brigade Béchaud. Hill passe le Gave de Pau De son côté, le général anglais Hill et son corps de 12 000 hommes, qui durant la matinée a engagé les troupes du général Harispe avec une faible partie de ses troupes vers le vieux pont de la ville et qui a surtout passé beaucoup de temps dans le recherche d'un gué sur le Gave, se met en marche avec le reste de ses troupes vers 11h en direction du gué de "Lartigue" entre les deux rives du gave au niveau de "Biron" et de "Souars". Il réussit alors à passer le Gave de Pau en amont d'Orthez, dans un secteur défendu par deux bataillons du 115ème, qui avaient préalablement été trompés par des démonstrations de la seconde brigade portugaise de la division Le Cor. Les anglais tournent ainsi la ville d'Orthez et menacent directement la ligne de retraite de l'Armée des Pyrénées sur Sallepisse avec les troupes de la brigade de la cavalerie Fane, des hommes de Stewart et une brigade de la division Le Cor. Les Anglais s'avancent vers le nord-ouest par les crêtes ("Tury") et remontent vers le nord, derrière les troupes du général Harispe, par l'épaulement de "Bellevue", "Baradat" et de la cote 182.
Face à cette situation,
le
général Clauzel, commandant la gauche
française, ordonne à
Harispe de quitter Orthez et
de se rapprocher du général Villatte sur les
hauteurs de "Rontun". Selon l'historien anglais Oman, le
décrochage des positions de la ville par les troupes
d'Harispe
est aussi conditionné par le retrait des
troupes de Foy
situées à leur droite.
Suite au retrait des troupes françaises défendant le vieux point, la deuxième brigade portugaise de Le Cor, contenue sur la rive gauche du gave, peut à son tour franchir le cours d'eau. Elle se porte rapidement sur Orthez pour gagner, par la grande route, la direction de Sallepisse. Les divisions Rouget, Darmagnac, Vilatte et la division Paris recevaient les troupes de Taupin, Foy et Harispe Clauzel laisse sur le mamelon, la "Motte-de-Tury", deux bataillons de conscrits provenant de la division de réserve de Toulouse et au sud de Rontun avec le 10ème Chasseurs à cheval (ou 21ème ? (3)) et la brigade Baurot, qui forme l'arrière-garde de la division Harispe, afin de retarder l'avance des alliés. Le front français était alors formé par les divisions Vilatte, Darmagnac et Harispe au niveau de la ligne "Motte-de-Tury" - Rontun - cotes 176-172-134. Quelques éléments d'artillerie sont présents, mais la nature du terrain les empêche d'être vraiment efficaces face aux Anglais. Trois canons restent entre les main des coalisés. Le Maréchal Soult, alors en observation sur l'aile gauche française, voyant la situation compromise décide d'effectuer une retraite générale vers Sault-de-Navailles.
- Avance générale des Anglais et retraite des troupes françaises -
La division Darmagnac décroche la première, suivie de celle de Vilattet et firnalement de celle d'Harispe qui est la dernière à quitter le cham de bataille. L'avance rapide du corps anglais du général Hill avec la cavalerie de Fane et l'arrivée de la cavalerie de Cotton sur la route de Salespisse précipite la retraite et cela devient le début d'un désordre indescriptible "Mais quand la débandade s'y mit, je vous assure que je n'est rien vu de tel" (lettre de Bory de Saint-Vicent). Cependant Clauzel ordonne au 10ème Chasseurs de ralentir la poussée de l'ennemi afin que les troupes puissent rallier Sault-de-Navailles. De son côté, le général Villatte ordonne à quelques unes de ses troupes de tenir quelques temps le village de Sallespisse, mais ces dernièrent sont repoussées peu de temps après par les Ecossais du 42ème "Royal Highlanders" (ou "Black Watch"). Heureusement pour les Français, le terrain ne préte pas à de grands déploiements de la cavalerie de Vivian, Fane et Somerset. Seul le 7ème Hussards anglais réussit à faire quelques prisonniers. En tout, un bataillon de la Garde Nationale d'Elite des Basses-Pyrénées et un bataillon du 115ème, tous les deux positionnés à l'arrière-garde de la Division Harispe, sont coupés de la route de Sallespisse par les Anglais et faits prisionniers. Cependant, de nombreux prisonniers français réussissent à s'échapper dans le feu de l'action. A Sault-de-Navailles, le Maréchal Soult a démandé la mise en état de défense de l'entrée du ville et a fait disposer par le général Tirlet une batterie de 12 canons sur les hauteurs de la ville à gauche de la route (au niveau du château) soutenue par le corps du génie et un bataillon de conscrits , qui se rendait à son dépôt, sur la droite de cette même route. Cette précaution permet d'arrêter la cavalerie alliée de Somerset, lancée à la poursuite des Français.
Les alliés, de leur côté, arrêtent leur poursuite vers 6 heures le soir sur le Luy en Béarn, l'infanterie du général Hill s'étant arrêter à Sallespisse. Les troupes de Soult rétrogradent alors jusqu'à Hagetmau où les divisions Rouget, Taupin, Paris, Damargnac, ex-Foy bivouaquent dans la nuit du 27 au 28 février. Les troupes du général Villatte soutenues par la cavalerie de Pierre Soult, puis par les troupes du général Harispe, gardent le pont de Sault-de-Navailles jusqu'à 10 heures du soir. Le pont de bois est alors détruit et cette arrière-garde rejoint le reste de l'armée vers Hagetmau vers 2 heures du matin au moment où le reste de l'armée repart pour Saint-Sever. Selon l'historien, le capitaine Vidal de La Blache, il semble que lors de la destruction du pont de Sault-de-Navailles toute la division Harispe n'ait pas fini son passage sur le Luy en Béarn, mais qu'elle ait pu cependant traverser le cours d'eau. La cavalerie et les quelques unités d'infanterie sous les ordres général Berton, qui avait été déployées vers Pau, se trouvent coupées du reste de l'armée. Ayant opéré une retraite en suivant une route parallèle au gros des troupes françaises, par Mant et Samadet, ce détachement a pu rejoindre l'armée de Soult en ralliantsur sa route un bataillon de conscrits qui se rendait à Orthez. Auparavant à 4 heures de l'après-midi, le Maréchal Wellington faisait une entrée remarquée dans Orthez et nommait Lord Kennedy comme gouverneur de la ville.
Le 28 février l'armée des Pyrénées poursuit sa retraite . Elle est réunie à 8 heure du matin sur l'embranchement de la route de Mont-de-Marsan et de Grenade sur la rive droite de l'Adour. Une arrière-garde occupe les hauteurs au sud de Saint-Sever Cap de Gascogne qui domine le pont et la rive droite du fleuve. Un semblant d'ordre s'est remis dans les régiments. Cependant 3 000 fuyards continuent cependant leur route droit devant eux. Ils seront à nouveau dans les rang à ... Toulouse. Les troupes anglaises partent, elles, d'Orthez le matin et se scindent en trois colonnes. La colonnes du centre est composée des divisions Picton, Clinton, Cole, de la cavalerie de Somerset, de l'artillerie de réserver et des équipages de pont. La colonne de gauche est composée des divisions Walker, Alten et de la cavalerie Vivian. La colonne de droite est composé du corps du général Hill et de la cavalerie Fane.
La cavalerie de Pierre Soult est restée le long de Luy de France,
mais
elle est refoulé jusqu'à Hagetmau par la colonne anglaise du
centre. Le
général Soult fait alors charger par sa cavalerie l'avant-garde
anglaise (cavalerie), ce qui lui permet de ne plus être inquiété (3). 1- Lapène parle plutôt d'une reconnaissance française vers l'ennemi.... 2 - Cette chronologie est soumise à contreverse. En effet, il n'est pas clairement défini que la Division Darmagnac ait décroché à cause du retrait de la Division Foy (cité par Oman) ou l'inverse. 3 - Le colonel Duchastel du 21ème Chasseurs au maréchal Soult le 4 mars 1814. 4 - "Un émissaire, revenu d'Orthez ce matin à 3h. 1/2 ... m'a rapporté... que l'affaire a duré depuis 9h. 1/2 jusqu'à 2h. 1/2 du soir... Ayant vu revenir M. le général Harispe et M. Goyenèche vers Orthez, il a compris vers 3heures, que nos troupes allaient quitter... il se mit en route, bientôt après 3 heures, et alla coucher à Amou..." Le commissaire général de police Devillier au général Thouvenot (Bayonne le 2 mars) - Source "Neuf mois de campagnes..." J.B. Dumas. |